« A Z H R A Ë L »

Invité

IOANNIS; azhraël noah

vingt six ans.

peintre.

MORTEL.

BEHIND THE MASK

code ok

Invité

GRÈCE . seize août 1652

« … Des banderoles avaient été fixées, par centaines, d'un point à l'autre des corniches, formant un arc-en-ciel au-dessus des têtes de chaque passant. Des chandelles brillaient de mille feux le long des fenêtres, autour des fontaines,... dans toutes les rues. Je suivi le chemin que formait cette myriade de petites "étoiles" jusqu'à ce que mes pas me mènent sur la Grand Place.
Les cordes de plusieurs violons résistaient aux assauts énergiques des musiciens qui s'étaient lancés dans un air endiablé. L'atmosphère était légère, frivole et chaleureuse, comme si une voile invisible répandait des ondes de gaieté sur chaque individu qui prenait part à la fête. L'endroit, bien qu'il fut défavorisé par sa taille, semblait contenir plus de monde qu'il ne le pouvait. Je me fis héler par des amis qui discutaient avec entrain et vivacité. Le vin avait coloré leurs joues d'une roseur bienveillante qui rendait leur yeux brillants. Tous, aspiraient à l'amusement. Cependant, je ne m'arrêtai pas. J'étais mû par un "je ne sais quoi" qui me poussait de façon intransigeante et insensé au centre la place. Là, une estrade avait été sommairement montée dans le but d'accueillir théâtre de marionnettes et acteurs venus pour l'occasion. Mais le spectacle qui s'y déroulait et qui m'avait attiré malgré moi, était d'une tout autre nature.
La courbe parfaite d'une hanche, ondulant au gré de la musique. L'arrondi d'une épaule à la peau satinée. L'ébène d'une chevelure ondulant jusqu'aux creux exquis des reins. Elle était d'une perfection rarement atteinte. Si dénuée de défaut que mon coeur s'arrêta une fraction de seconde avant de repartir dans une explosion de battements frénétiques.
L'instant fatidique où nos yeux s'accrochèrent pour ne plus se lâcher, tels des aimants, fut l'un de ceux qui resta, à jamais, gravé dans ma mémoire d'homme.
Ses lèvres, aux tracés incomparables, se courbèrent en un sourire mutin. Elle tournoya une dernière fois avec grâce, faisant virevolter ses jupes dans un tourbillon de tissus chatoyants. Le temps, qui lui fut nécessaire pour descendre les marches et combler les quelques mètres qui nous séparaient, sembla durée une éternité. Une éternité durant laquelle je fus pétrifié sur place. Une éternité qui me priva de respiration. Lorsqu'elle fut devant moi, je compris que je serai à jamais perdu pour avoir osé plonger dans l'abysse de ces prunelles mordorées. Elle leva une main vers mon visage, qu'elle effleura du bout des doigts. Le sourire qu'elle m'adressa alors, empli de soulagement et de mélancolie, reflétait une infinie douceur.
- J'ai du t'attendre si longtemps cette fois.
Ce fut le son mélodieux de cette voix qui emprisonna mon âme pour le restant de mes jours … »

NEW YORK . de nos jours …

Je m'éveillai en sursaut, et posai la main contre ma poitrine. Sous la chaleur de ma paume, mon coeur battait la chamade, encore en proie à l'emprise dont il avait été victime. Un léger soupir s'échappa de mes lèvres et j'inspirai profondément pour tenter de calmer les pulsations affolantes qui, un peu plus, me ferait frôler l'infarctus. Mes yeux papillonnèrent, le temps de s'habituer à l'obscurité et de retrouver tout ce qui leur était familier. Les oreillers en bataille et les draps repoussés étaient, une fois de plus, les témoins malheureux de mes agitations nocturnes. J'avais beau me forcer à croire qu'il ne s'agissait là que de simples rêves, il y avait une chose que je ne pouvais nier: leur puissance était telle que j'en ressortais toujours complètement exténué.
Pourquoi cette même femme, encore et toujours? Pourquoi ces lieux? Ces époques différentes? Tant de questions auxquelles je n'avais pas de réponses.
Au cours de ces derniers mois, j'avais successivement consulté un spécialiste du sommeil, un expert en hypnose et un psychiatre, sans obtenir de résultat concret. Si je ne pouvais décemment pas les accuser d'incompétence, il ne me restait qu'une théorie: Je devenais fou. Fou de cette parfaite inconnue qui hantait mes songes.
Je m'assis au bord du lit, massai délicatement mes tempes, avant d'être secoué d'un rire idiot. En effet, j'aurai pu tomber sur quelque chose de bien plus horrible. Mais j'étais forcé de voir les choses sous un angle différent. Cela commençait à avoir, sur ma vie, une influence grandissante.
Je me levai. Sous mes pieds nus, le plancher ne craqua pas. En silence, je traversai le loft, heureux que l'étendue des lieux puissent me permettre de déambuler, dans le noir, sans faire prendre le risque à l'un de mes orteils de se prendre dans l'un ou l'autre meuble. Je tirai avec force la lourde porte glissante qui abritait mon atelier et, aussitôt, des effluves familières vinrent titiller mon odorat. J'inhalai à fond cette forte odeur d'huile et de white spirit, avant de me diriger vers la droite. J'avais aménagé, là, une structure impressionnante qui protégeait quelques unes de mes toiles. Celles qui ne seraient jamais exposées au Grand Public. Celle qui n'étaient destinées qu'à vivre sous mes yeux. Toutes avaient une chose en commun. Outre le fait que j'en étais l'auteur, le même "sujet" les animait. J'en tirai une au hasard. Imposante, elle devait faire deux mètres de haut pour trois de large. Je restai immobile un moment. Me contentant d'observer sans émotions ces teintes profondes et indescriptibles qui avaient fait mon succès. Mon regard suivit les contours harmonieux de ce visage qui m'était désormais devenu intime, et dont je connaissais les proportions et les détails par coeur.

Je fais rarement preuve d'indulgence envers moi-même. Je dirai même que je suis d'un jugement implacable. Il m'est arrivé, plusieurs fois, au grand dam de mon entourage, de détruire une de mes oeuvres si celle-ci m'était insupportable à regarder. Certains critiques artistiques m'avaient taxé de l'adjectif "original". Que je ne veuille pas vendre mes toiles malgré l'enthousiasme que suscitait chacune des exposition me concernant accentuait un peu plus cette impression et déchaînait les passions dans le milieu de l'Art. Etre décris comme un anti-conformiste n'était pas pour me déplaire. Après tout, n'était-ce pas le propre des artistes de demeurer isolés du reste du monde? Néanmoins, en tant qu'ultime descendant des Ioannis, famille riche et puissante aujourd'hui sur le déclin, je soulevai les convoitises et ne pouvais me soustraire à ce côté "people" qui faisait partie intégrante de la vie que je menais.

Je repoussai la toile, sorti de la pièce et refermai la porte d'un coup sec. Dans l'entrée, mes bagages attendaient sagement.
Je ne voyageai que très rarement. New York, grâce à l'amour que je lui vouais, m'avait enchaîné, pieds et poings liés, à son sol. En apprenant la nouvelle de la mort de cette tante, l'un des rares vestiges de ma parenté en Grèce, j'avais éprouvé cette sensation étrange. L'urgence. Oui. Me rendre là-bas avait subitement viré à l'obsession malgré tout le mal que j'en avais toujours pensé. Trop chaud. Trop éloigné. Une langue maternelle peu maîtrisée. Sans compter l'argument absurde que je détestais le poisson et les crustacés.... Denrée rare sur une île bien évidemment !!
Je me laissai tomber sur le canapé... blanc. Quelle idée! Quand j'avais envisagé de changer quelque peu la décoration, Sayhan avait exulté. Un motif de plus pour feuilleter les catalogues de ces décorateurs absolument hors de prix qui pullulaient. Bien sur, il ne lui était pas venu à l'idée qu'un sofa à la blancheur immaculée serait potentiellement problématique pour quelqu'un qui avait constamment les mains enduites de peintures. Ma petite amie... car c'était bien ainsi que je la présentais... était vive. Spontanée. Et superbe. Mais nous vivions dans deux "sphères" différentes et pourtant parallèles. Une attirance réciproque, basée uniquement sur le plaisir charnel, nous avait réuni à la plus grande surprise du gratin new yorkais.
Elle était d'une grâce époustouflante et débordait d'optimisme. J'étais charismatique et cynique. Notre trait commun: Nous étions tout deux à l'apogée de notre gloire. Elle en tant que mannequin phare défilant pour les plus grands créateurs. Moi en tant que peintre reconnu de ma génération Nous ne vivions pas ensemble,mais offrions au monde l'image d'un couple moderne. Riches. Talentueux. Et plein d'avenir. Peu importait cet amour que nous ne partagions pas. Nous nous accommodions de notre vie, et de tous les avantages qu'elle pouvait nous offrir.

Dix heures d'avions m'attendaient demain. Je m'allongeai et contemplai les étoiles à travers la baie vitrée. La nuit risquait d'être longue...

Invité

MER MÉDITÉRRANNÉE . de nos jours …

« Az' viens voir ça ! »
Je détournai le regard de la revue touristique que je tenais pour poser les yeux sur ma compagne. Le bain de soleil ravissant, qu'elle portait, mettait en valeur sa gracile silhouette qui avait fait se retourner tous les hommes depuis que nous avions quitté l'aéroport. Sans maquillage, les cheveux lâchés, et vêtue avec simplicité en comparaison du faste qui l'entourait habituellement, elle faisait plus jeune encore que ses vingt deux ans et resplendissait d'une beauté naturelle plus qu'appréciable.
Le bateau privé sur lequel nous avions embarqué depuis la Crête, où nous avions fait une petite escale, fendait les eaux bleus de la méditerranée. Par chance, aucun de nous deux n'étaient victime du mal de mer.
Je retirai mes lunettes de soleil, et rejoignis Sayhan qui s'était accoudé au bastingage.

« Qu'y a-t-il ? »
« Regarde! »

Je suivi la direction que m'indiquait son doigt parfaitement manucuré pour découvrir un panorama à couper le souffle. Santorin. Lieu mythique des Cyclades. Les façades blanches des maisons, accrochées aux falaises et surplombant la baie, dominaient l'île et offraient un contraste saisissant avec le ciel et la mer azur. L'effet était tout bonnement impressionnant. Et il se dégageait de ces lieux une atmosphère particulière.

Ainsi donc je me trouvais sur la terre de mes aïeuls. Celle qu'ils avaient décidé de quitter près de deux cent ans auparavant. Il me restait à savoir ce que cela m'apporterait...

Bienvenue ici Caroline. Wink

Magnifique avatar que tu as là.
Bonne chance pour la suite.

Toi, je t'aime déjà !
Très bon choix de PP ^^ et très chouette avatar d'ailleurs (L)

Invité

Et bien il ne reste plus qu'à attendre Margaux (=Cypris) vu que c'est son perso, elle a l'exclusivité de la validation. lol.
Perso, j'aime beaucoup ta façon d'écrire, c'est très agréable. =)

Je n'ai rien à redire, tui as très bien cerné Azhraël et tes rps sont très agréables en effet Smile

bien entendu, tu es validée Smile

Invité

Azhrâel, en tant qu'artiste, pessimiste, et dont les origines sont un peu éparpillées est un peu mon égal masculin [succès et amour divin mis à part >.<], d'où peut-être ma facilité à cerner le personnage.^^

Eh bien en tout cas, ta présentation était très bien faite Smile