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 [RUE] « You fascinate me... » (pv Esteban)

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MessageSujet: [RUE] « You fascinate me... » (pv Esteban)   [RUE] « You fascinate me... » (pv Esteban) EmptyVen 20 Fév - 2:35

« Chérie, je n’ai pas de nouvelles depuis un mois et je commence sérieusement à m’inquiéter. Je te rappelle que je n’ai accepté ton départ que parce que tu as promis de me téléphoner fréquemment. Alors, je sais... Je sais, tu vas me dire, maman, je suis occupée, j’ai du boulot, mais enfin ne viens pas me dire que tu vis 24 heures sur 24 avec tes touristes et je ne... »

J’arrêtai le répondeur en appuyant avec fermeté sur le bouton STOP. « Votre message a bien été effacé » afficha l’écran en de grandes lettres verdâtres. Je n’avais après tout pas besoin d’écouter jusqu’au bout. Je savais ce que ma mère me reprochait, mais je savais également qu’elle protestait ainsi en grande partie pour la forme. Cela faisait plusieurs années que je ne vivais plus en permanence avec elle dans notre petite maison blanche et bleue du bord de mer, puisque j’avais suivi mes études à Athènes, mais j’étais encore jeune alors et je revenais le week-end pour lui tenir compagnie. Mais surtout ma mère ne me harcelait que parce qu’elle savait que j’allais inexorablement m’éloigner de sa vie pour construire ma propre vie d’adulte avec mes amis, mes amours, ma famille. C’était, j’en étais persuadée, l’unique chose qui l’inquiétait. Pourtant, éloignée ou pas, j’étais sa fille, son unique enfant depuis le décès d’Andreas, et que je la rejette ou pas dans mon passé, les liens du sang et du cœur étaient indéfectibles.

Une lame me poignarda le cœur, tant et si bien que je ne pus m’empêcher de suffoquer. J’avais penser à sa... Sa mort avec une telle indifférence, comme si j’avais accepté ce fait, comme si évoquer mon frère ne me faisait désormais plus rien. Dans quelques années encore, je pourrais peut-être rire des souvenirs que j’avais de lui. Je m’en voulus immédiatement de cette pensée et je me pliai en deux pétrifiée d’horreur. Jamais, jamais, je ne pourrais admettre sa disparition tant son ombre, sa voix, son regard, ses gestes me manquaient. Aujourd’hui encore, je me sentais incomplète. Sans mon double, sans mon frère, l’âme sœur que je m’étais choisi, sans cet amour exclusif qui nous liait, je n’étais même plus moi-même. J’errai sur terre comme une âme en peine. Quand je voulais m’attacher aux autres, ils finissaient toujours par me repousser ou par disparaître, me laissant seule et toujours plus fragile. Après le dernier rejet en date, celui de l’homme que je croyais être celui que je pouvais épouser, je m’étais patiemment construit une carapace, me plongeant dans le travail pour échapper aux regrets et autres sottises de ce genre pour lesquelles j’étais très douée. Les légendes antiques, les lectures d’Homère étaient devenus le pilier de ma vie ici. Et mon métier ne consistait qu’à les expliquer à des gens de passage que je ne connaîtrais jamais et je m’en contentais. Je me promis d’appeler maman le lendemain. J’aurais besoin d’entendre sa voix rassurante, même si elle se laissait aller aux reproches. Elle vieillissait seule, je pouvais comprendre son inquiétude.

J’ôtai mes chaussettes que j’envoyai valser sur le vaste fauteuil et attachai mes longs cheveux en une modeste queue de cheval, ratée bien entendu. Mais après tout qui s’en souciait ? J’étais seule chez moi avec un plat préparé à réchauffer et des lectures de biographies en retard. Pas franchement le genre de soirée excitante mais cela me passionnait et c’était cela depuis que j’étais redevenue célibataire et que j’étais arrivée à Santorin dans cette minuscule maison. Mais en ouvrant le frigo, je me rendis compte que j’avais tout simplement négligé d’acheter un plat à grignoter. Je soupirai puis me préparai à ressortir. Le soleil avait néanmoins beaucoup baissé et la chaleur moite à laquelle nous avions eu le droit toute la journée avait disparu pour être remplacé par une certaine fraîcheur très agréable du à quelques rafales discrètes de vent. Je glissai mes pieds dans des sandales, pris un sac à la volée et me promis de ne sortir que dix minutes le temps de me rendre à une supérette.
Il y avait quelques personnes dans la rue qui profitaient des rayons du soleil, embaumant l’atmosphère d’une douce couleur rouge. J’avançai rapidement, pressée de me débarrasser de cette corvée. Quelques mèches de mes cheveux récemment teints en brun volaient au vent de même que ma tunique en lin simple qui ne dessinait que trop mes formes que je haïssais. Je n’aimais pas mon physique, ce n’était pas un secret. J’étais « trop », trop maigre, trop blonde (ce qui avait certes changé depuis ma virée chez le coiffeur), trop petite, trop blanche... Quand je pouvais me cacher derrière des vêtements informes, je ne m’en privais pas. Mais j’avais tort de m’inquiéter de moi-même. Personne ne s’intéressait à moi, ni même me regardait. J’étais invisible pour tous ces gens et assez égoïste pour croire le contraire. Arrivée à un petit promontoire, je m’arrêtai quelques secondes pour admirer le coucher du soleil derrière la mer. Le spectacle était splendide mais comme à mon habitude, j’étais prise de mélancolie. Je sentis que quelque chose allait se passer, quelque chose qui ne serait pas forcément heureux. J’avais souvent ce genre d’intuitions désagréables et elles se révélaient en général vraies. Je détournai mon attention du spectacle et tournai la tête vers une ruelle où marchaient une petite foule de touristes se délassant.

Mon cœur bondit, mon pouls s’accéléra. Je serrai les lanières en cuir de mon sac si fort que mes jointures en blanchirent. Il était là, au milieu des touristes, hâtant le pas sans doute pour leur échapper. Je ne pus m’empêcher de le regarder approcher vers moi de son pas assuré. Je crus distinguer quelques gouttes de sueur sur ses temps, mais j’étais encore éloignée et je me faisais sûrement des idées. J’ignorais ce qui me poussait à suivre cet homme, furtivement dans la rue, à me repaître de chacun de ses gestes comme une assoiffée. Ce n’était pas un fantasme, seulement une force invisible qui me forçait à l’observer. C’était cela depuis la première fois que je l’avais croisé sur l’île. Il était devenu une drogue, il me fallait ma dose. Parfois, j’étais en manque et je partais sur Santorin pour tenter de le retrouver. Je savais qu’il travaillait à un club de sport. Je savais que ce que je faisais n’était pas bien, voire que cette fascination devenait franchement inquiétante pour ma santé mentale, mais je savais que c’était plus fort que moi. J’étais un pantin, quelqu’un tirait les ficelles à ma place.

Comme dans un rêve, sans être maître de mes mouvements, je traversai brusquement la rue au moment où il passait devant moi, comme si je ne l’avais pas vu. Je me traitai intérieurement de stupide tout en fermant les yeux pour mieux sentir le choc. Ce fut comme me heurter à un mur. Mon épaule se frotta quelques secondes à lui, puis je basculai sur le côté avant de m’écrouler à terre. J’ouvris lentement les paupières mais je ne le voyais plus, tout baignait dans une lumière rouge. Et comme une gamine, je me répétai en boucle « je l’ai touché, je l’ai touché... ».
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Esteban L. Goerdizös

Esteban L. Goerdizös


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MessageSujet: Re: [RUE] « You fascinate me... » (pv Esteban)   [RUE] « You fascinate me... » (pv Esteban) EmptyDim 22 Fév - 4:22

    Voici une journée parmi tant d'autres dans cette misérable vie mortelle, Se lever, broyer du noir dès le matin car il n'y a plus de café et que personne n'a pensé à en faire pour ceux qui travaillent. Car entre vivre avec un alcoolique notoire jamais à la maison, un être torturé et une sorte de monstre associable, pas facile de s'accorder. Encore moins avec un caractériel comme Esteban, capable de détruire le plan de table de cette cuisine. Il grommela, toujours dans sa douche avant de partir au travail. Et comme tous les jours, il était de mauvais poil avec son sac de sport sur l'épaule, le vent se faufilait dans ses cheveux blonds qu'il malmenait à les frictionner plus qu'à les laver. En chemin, il marchait droit tel un militaire, pas le dieu de la Guerre pour rien, et en impressionnait plus d'un. Le jeune homme, jeune avec plus de 3 millénaires quelle ironie, ignorait le monde car s'il se mettait à s'intéresser à son entourage, il frapperait tout le monde. Par exemple ces jeunes gens avec leur musique trop mauvaise pour être entendue si forte, ces vieux qui radotent sur ces jeunes, cette fille habillée avec une vulgarité qu'elle en cachait sa potentielle beauté, l'homme qui regardait cette fille comme s'il la déshabillait du regard … Bref, autant d'exemples que de pas pour se rendre sur son lieu de travail qu'il n'aimait pas. Voir des hommes poltrons, ils ont peur de se battre, de se faire mal ! Et voir même des femmes gagner, avoir l'avantage alors que leur physique n'en donnait rien. D'ailleurs, un exemple arriva bien vite puisque dans le coin de boxe, une fille d'une vingtaine d'années maigrichonne affrontait un type d'une quarantaine d'années de belle corpulence pour son âge. Esteban les regarda d'un air blasé et lorsque le combat commença, sa rage s'évacua par les cris car, rapidement, la fille prit son avantage.

    « Allez, relève toi espèce de faible ! Te faire battre par une femme est un moteur pour ta vie ?! »

    Oui, l'amabilité et la politesse ne faisait pas vraiment parti du caractère du dieu, ses mots sortaient tels qu'il les pensait et n'y mettait ni forme ni tentait d'enjoliver quoique ce soit, après les gens appréciaient ou non. Plusieurs fois, les adhérents se sont plaints mais son patron trouvait cela motivant pour certains car après tout, les sports de combats ne s'exécutent pas dans la tendresse, bien qu'il reçut un jour un avertissement pour avoir fracturé la jambe d'un homme à cause de sa grande force. Mais revenons au combat où l'homme tomba à terre, et la fille fut déclarée gagnante. Esteban se retourna vers les autres, ses yeux bleus lançaient des éclairs sur les autres. Comment les hommes d'aujourd'hui avaient pu devenir aussi anti-violence alors que celle-ci était un moteur de vie, il y a encore juste quelques siècles ?

    « Se faire battre par une femme … Vous ne savez pas vous battre, vous avez peur de faire mal mais c'est le but et... »
    « Je n'allais pas frapper une femme ... »
    Le suicidaire à terre avait coupé le discours et eut le droit à un regard meurtrier, l'iris bleu devenu si sombre qu'on les croyait noir.
    « Femme ou pas, un ennemi n'a pas de sexe ! Les amazones étaient des fières guerrières et n'ont jamais rechigné à la bataille, et elles étaient des femmes ! Cela n'a en rien déterminé si on devait les épargner ou non ! »

    Et les amazones, il les avait connu puisqu'elles avaient combattu à ses côtés et qu'il avait réussi à avoir entre ses bras leur chef, Otréré et avait eu une magnifique fille, digne de ses parents, Penthésilée. Après cet instant de nostalgie bien vite passée, le cours repris ainsi que plusieurs autres, où d'autres incapables se succédaient et, malgré les conseils d'Arès, se sentaient incapables de se battre correctement. Plus d'un aurait mérité de payer leur couardise par des coups mais il se retint, pour garder son emploi. Il fallait bien payer la villa. Lorsque la fin de sa journée arriva enfin, il s'en sentit soulagé bien qu'il n'avait pas sourit une seule fois depuis son lever, avait conservé cet air dur et méchant qu'on lui connaissait si bien. Après s'être rhabillé d'un sweat noir et d'un jean foncé, il décida de laisser son sac ici, il en ramènerait un autre demain et prendrait tout en même temps car il voulait faire un tour sur la plage. Ou ailleurs, mais loin de la foule. Dehors, en plein centre-villes, les gens allaient et venaient dans tous les sens, des grecs mais aussi des touristes, ils flânaient à admirer l'architecture, la beauté des couleurs et aussi les vitrines des magasins. Ils n'avaient donc que ça à faire de leurs journées ? Lui avançait, il ne s'écartait d'aucun chemin et par son charisme, les gens lui cédait le passage. Et si quelqu'un avait le malheureux de le bousculer, il irait de suite à terre tant sa force le rendait aussi solide qu'un roc. Sa force, son seul pouvoir restant alors qu'il pouvait attiser les haines, invincible au combat et fort comme personne, il ne lui restait que la dernière option et amoindrie par le temps …

    Puis, sans savoir où, il se sentit épié. Mais ce regard lui semblait familier. Elle était là … Depuis un petit temps, il ne se souvenait plus quand cela avait commencé ni le temps qu'il avait mis à la remarquer, mais une fille dont tout lui était inconnue sauf le visage et la caresse de son regard, le suivait dès qu'ils se croisaient. Ah si, il connaissait aussi le son de sa voix quand elle lui avait dit quelques phrases à peine audibles auxquelles il n'avait guère porté attention. Où était-elle ? Esteban n'en savait rien mais continuait son chemin, toujours les traits bien trop dur pour son âge mortel et se rendait bien loin de cette foule où il ne voulait pas poser les yeux, s'enfermait loin des conversations stériles de ces filles se demandant si la robe jaune ou rouge ferait plus plaisir à Alix. Il soupira et s'engagea sur le passage piéton lorsqu'il la vit. Oh, sa couleur de cheveux avait changé, elle était blonde avant. Oui, il remarquait ce genre de détails et la vit traverser à son tour puis repartir dans son mutisme social à ne parler ni voir personne. A peine avait il senti le choc avec la jeune femme qui tomba à terre, alors que lui ne sentit qu'un léger effleurement. De l'autre côté du trottoir, il avançait lorsqu'il entendit une voix jacasser juste derrière lui et d'un coup, sans savoir pourquoi, se mit à écouter.

    « … jeunes n'ont plus de respect. Pauvre fille à terre, vous auriez pu au moins l'aider et ... »

    Et c'est avec un regard assassin qu'il se retourna, la vieille dame aux cheveux d'argent s'arrêta tout net et continua son chemin, puis il leva les yeux sur sa fameuse admiratrice au sol et, sans savoir vraiment pourquoi, fit demi-tour pour aller l'aider. Si elle le suivait, cela signifiait qu'elle ne le prenait ni pour un tueur en série ni pour un psychopathe. De son pas assuré, il vint se planter devant elle pour lui tendre la main et l'aider à se relever. Il aura fait une bonne action dans sa journée et après cela, repartit toujours sans un mot dans la masse de personne. Allait-elle le suivre ? Et pourquoi ne lui avait-il pas adressé un mot ? Il se savait curieux du pourquoi elle le traquait ainsi. Dans ses pensées, il sentit d'un coup un regard le fixer. Ainsi donc, elle continuait alors autant s'amuser. Et le voilà parti dans un de ses rares divertissement : se promener dans les dédales de rue rien que pour voir combien de temps elle tenait, généralement il s'en lassait avant elle. A gauche, à droite, et ainsi de suite dans les rues jusqu'à des endroits un peu moins fréquenté et il se cacha dans le renfoncement d'une énorme porte en bois et l'attendit, les bras croisés. Et évidemment, elle passa et c'est à ce moment là qu'il décida enfin de lui adresser la parole pour la première fois.

    « Votre mère ne vous a jamais appris à ne pas suivre des inconnus dans la rue ? »

    Et il la fixa bien cette fois-ci, elle n'avait pas l'air idiote, elle ressemblait même à quelqu'un d'un lointain passé sans qu'il puisse mettre un nom. Mais il aimerait savoir celui présent et surtout ses motivations … La curiosité n'est pas un vilain défaut, pas pour lui !
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MessageSujet: Re: [RUE] « You fascinate me... » (pv Esteban)   [RUE] « You fascinate me... » (pv Esteban) EmptyDim 8 Mar - 2:47

    Je clignai plusieurs fois mes paupières afin de récupérer une vision normale des choses qui m’entouraient. Tout était baigné d’une couleur rosée qui me donnait le tournis. Le choc avait été assez violent. J’étais tombée brusquement par terre en poussant apparemment un petit cri car je distinguais les autres personnes de la rue se tourner vers moi avant de retourner vaquer à leurs occupations. Mes oreilles bourdonnaient encore mais je reprenais lentement mes esprits. La litanie s’interrompit et je m’aperçus peu à peu de la stupidité de mon acte. J’eus brusquement honte de moi. Comment pouvais-je me comporter de manière aussi idiote, comme une adolescente de dix-sept ans qui aurait fantasmé sur le garçon le plus sexy de la classe ? Au moins, je gardais plus ou moins un esprit critique sur moi-même et je n’étais pas passée au stade des ricanements gênés. Une voix aigue perça mes tympans mis à rude épreuve. Je réussis à entendre quelque chose comme « pauvre fille » à travers mon brouillard de sons et de pensées. Quelqu’un me plaignait ? Personne ne s’était aperçu que mon acte avait été fait exprès pour bousculer l’objet de mon intense fascination ? Je secouai la tête, dégoûtée de moi-même, puis me décidai à me relever. Après tout, il était normal que je me fasse remarquer en étant assise par terre en plein milieu de la rue.

    Malgré moi, avidement, je le cherchai du regard. Mais il s’éloignait sans me prêter aucune attention. M’avait-il seulement senti ? C’était comme si je l’avais à peine effleuré. Sans doute ne méritais-je pas même son regard. Il était telle une divinité au dessus de tous qui ne souciait des pauvres mortels indignes d’intérêt comme moi. Je ne me sentis pas blessée de cette réflexion que je trouvais plutôt juste. C’était un état de fait. J’étais insignifiante aux yeux du monde, aux yeux des personnes qui comptaient pour moi. En cet instant, cette vérité me frappa comme si c’était quelque chose que je pensais cela depuis longtemps mais que je n’avais jamais réussi à mettre des mots dessus. Aussi, je fus surprise quand je le vis se retourner, poser ses yeux verts d’une dureté incroyable sur ma pauvre personne et s’avancer vers moi. Je connaissais par cœur ses mouvements assurés, brusques, fermes. Mais pour le moment, je préférais me concentrer sur son regard. Durant mes longues traques, je n’avais guère eu l’occasion de le voir puisque je le suivais. Les battements de mon cœur s’affolèrent, mes muscles se contractèrent. Il me paralysa littéralement. Je pensais qu’il allait passer à mes côtés sans s’arrêter mais sa grande silhouette musclée s'immobilisa devant moi. Il me tendit la main. Je ne sus que faire pendant quelques fractions de seconde. Puis je compris qu’il voulait m’aider à me relever. Je lui tendis ma main droite. Je serrai sa main. Je me redressai grâce à son aide. Je murmurai un « merci » timide. Il était déjà parti.

    Je restai stupidement là alors qu’il s’éloignait au bout de la rue. Cette seconde avait été terriblement trop brève. J’aurais voulu sentir sa peau contre la mienne plus longtemps. J’aurais voulu que cette poignée ne termine jamais, dure une éternité. Je le voyais fendre la foule. Je n’hésitai pas. Je me glissai à mon tour parmi les touristes qui flânaient et les grecs qui désiraient rentrer chez eux. Je faillis le perdre à plusieurs reprises lorsque je me retrouvai derrière des jeunes filles qui avançaient à pas lents. Je bousculai celle qui était devant moi pour passer devant elle. Elle eut une exclamation de protestation mais je m’éloignai sans attendre mon reste. Un visage connu voulut m’aborder, je l’ignorai. Je passai devant la petite épicerie de l’île, je ne m’arrêtai pas. Il était devant. C’était l’unique chose qui comptait pour moi à présent. Parfois, je m’effrayais moi-même de la violence de cet envoûtement. Mais quand je le poursuivais dans les ruelles tortueuses de Santorin, je n’avais plus peur. C’était une évidence. Il était une évidence.

    Au fur et à mesure que nous avancions, les rues devenaient moins fréquentées, les quartiers moins touristiques. Peut-être me menait-il, sans le savoir, chez lui ? Une vague excitation couvrit un instant mes autres sentiments. Allais-je savoir quel était son univers ? Dans quel endroit il se sentait en sécurité ? Avait-il une famille, une fiancée ? J’allais peut-être enfin savoir. Je ne m’étais jamais posée cette question auparavant mais maintenant qu’il était possible que j’obtienne la réponse, cela me semblait de la plus haute importance. Même en m’engageant dans une ruelle sombre, je ne m’inquiétai pas. J’avais placé une grande confiance en cet homme inconnu. La force voire la brutalité qui se dégageait de lui aurait pu me faire tourner les talons en cet instant précis. Une autre fille aurait volontiers fui à l’idée de se retrouver seule en sa compagnie. Mais cette idée me sembla saugrenue. Comment ne pas le suivre malgré tout ? Les faits divers, psychopathes, violeurs et autres tueurs en série ne me vinrent pas à l’esprit. J’étais sans doute trop stupide, trop naïve et ingénue pour croire que quelqu’un eut pu me vouloir du mal. Mais déjà je n’entendais plus le bruit de ses pas malgré le silence environnant. Je pressai l’allure.

    Ses paroles m’arrachèrent un petit cri de surprise. Je m’arrêtai brusquement pour voir sa silhouette dans l’encoignure d’une porte. Il attendait mon passage. La honte m’envahit lorsque mon esprit fit le lien entre sa malheureuse phrase et mes actes. Mon dieu... Ainsi, il s’était aperçu que je le suivais. Pour qui me prenait-il ? J’eus envie de fuir, de m’enfuir loin d’ici à toutes jambes, d’oublier cet épisode, cet incident, cet homme si... Troublant. Mais j’étais plantée ici comme une idiote. Une autre partie de moi-même ne se lassait pas de l’observer. J’aurais pu ne jamais le quitter des yeux, boire chacune des expressions de son visage jusqu’à la fin de mes jours. Ne jamais reprendre une vie normale. Et c’est cette partie de moi-même qui vainquit l’autre.

    Je m’extasiai sur le velouté de sa voix, sur son ton quelque peu ironique. Mon cœur fit des bonds, mon estomac se tordit. Je songeai qu’il aurait fallu lui répondre mais je n’y parvenais pas. Je tentais de deviner ce que signifiait l’expression qu’il arborait. Est-ce que je l’agaçais ? Etait-il ennuyé ? Allait-il me demander de cesser mes gamineries ? Mais il me semblait qu’il s’agissait tout simplement de curiosité. Je l’intriguais. Cela me rassura mais pour autant je ne pus m’empêcher de bafouiller.

    - Je suis dé... Désolée de vous avoir suivi...

    D’accord, ce n’était pas vrai. Je n’étais pas désolée. Je ne pouvais pas le vouvoyer. Je le connaissais tant et si peu à la fois ! Mais je n’avais rien à lui dire d’autre. Il allait prendre peur si je lui racontais ce que je ressentais réellement. Mais les banalités que proférait ma voix trop aigue étaient encore pire. Je fus soulagée en entendant un son plus agréable sortir de ma bouche.

    - Aerope Kallerghis. En effet, ma mère n’aurait pas apprécié ce que je viens de faire. Je suis... Vous... Vous m’avez bousculé dans la rue tout à l’heure. Et voilà, je me demandais qui vous étiez et pourquoi vous ne vous étiez pas excusé...

    Quel mensonge stupide ! Je n’aurais pas pu inventer pire. Comment pourrait-il gober une telle stupidité ? Et s’il y croyait, allait-il se vexer ?
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Esteban L. Goerdizös

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MessageSujet: Re: [RUE] « You fascinate me... » (pv Esteban)   [RUE] « You fascinate me... » (pv Esteban) EmptyMar 5 Mai - 19:52

HJ :Impardonnable retard ...

    Un jeu, il s'était trouvé une occupation pour quelques minutes avant de s'en lasser. Lui n'aimait pas grand monde, presque personne pour ainsi dire et les seules activités qu'il ne se lassait pas, c'était se battre et chercher des ennuis. Malheureusement, à cause des siècles écoulés, il avait perdu de sa force et de ses autres pouvoirs. Aujourd'hui, il se sentait impuissant, juste plus fort que les autres mais incapable de terrasser une armée entière par sa lame, cela ne l'empêchait pas de tuer un homme à main nue s'il le voulait. Oh si, autre chose qu'il aimait faire : voir Cypris. La jolie déesse de l'amour était une source de contemplation sans fin, elle s'était rapprochée de lui ces deux derniers siècles, par défaut mais lui cela lui suffisait, cela faisait trop de temps qu'elle rejetait ses avances alors il en profitait, surtout qu'elle était toujours plus belle à chaque réincarnation … Cela lui traversa un instant les pensées mais décida d'oublier sa belle pour se concentrer sur sa groupie. Lui si peu aimé depuis l'Antiquité, trop haineux et violent, le voilà avec avec une fille fascinée par sa personne, qui le suivait en oubliant la route qu'elle devait prendre. Elle devait traverser dans le sens inverse d'Esteban, et la voilà derrière lui, à traquer ses faits et gestes. Que pouvait-elle aimer chez lui ? Ce regard dur sur le reste du monde, cette posture militaire avec son dos résolument droit et un port de tête royale, cette démarche rapide et lourde comme s'il partait au combat, à moins que ce soit son physique ? Qui sait réellement, mis à part cette inconnue. Cela le flattait au fond de lui, surtout qu'elle n'était pas moche alors on ne pouvait pas lui en vouloir.

    Alors qu'il tourna à droite dans les rues pavées de Santorin, un petit sourire naquit au coin des lèvres. Aujourd'hui, il voulait poursuivre le jeu plus loin, la prendre à son propre piège, la surprendre et connaitre ses intentions. Pour la première fois de la journée, il sourit enfin, léger mais voyant sur son visage. Une fille crut que c'était pour elle et le lui rendit mais il ne daigna même pas la regarder, une fille du continent, touriste et fade, sans aucun doute. Peut être se serait il arrêter dans d'autres circonstances mais là, son esprit se mit à chercher une stratégie pour la coincer, où se positionner pour qu'elle ne le voit pas en s'engageant dans la rue. Son esprit militaire se mit en route, cela faisait si longtemps qu'il n'avait pas conduit de guerres. Il avait été là dans les plus grandes batailles des deux derniers millénaires, en qualité de Dieu de l'Olympe puis après sur Terre. Fin stratège, guerrier sans faille et d'une force incroyable, il devenait un soldat modèle, montait les grades, fier de mettre ses pensées belliqueuses en action. Plus d'une fois, il mourut au combat car il n'était plus un immortel mais c'était la plus belle des morts, celle des braves et des grands. Il préférait cela que de finir vieillard et attendre un dernier souffle avant de se réincarner. Quelle fin stupide, sans aucun honneur, surtout pour un homme comme Esteban. Là il n'y aurait pas de mort, du moins il ne le pensait pas, mais il fallait malgré tout réfléchir. Il connaissait cette ile sur le bout des doigts, le jeune homme passa sa main dans les cheveux pour chercher un repère fiable et enfin trouver la solution. Pendant ce temps là, elle se trouvait toujours derrière lui, il y avait de moins en moins de personnes pour la cacher, les petites rues sont beaucoup moins touristiques, cela se voyait mais l'inconnue n'avait pas peur. Peut être était elle simplement folle alliée de suivre un homme de la sorte. Si elle le faisait avec lui, elle le faisait peut être avec d'autres.

    D'un coup, il s'arrêta et tourna sur sa gauche, le beau blond avait trouvé où se cacher sans pour autant donner un air de film d'épouvante, pas d'impasse ni d'endroit sombre, si elle avait peur, elle pourrait revenir à la civilisation, loin de la brute cachée derrière les fins traits de son visage. Le rythme de ses pas s'intensifia et rapidement, il s'engagea dans une rue, juste à temps pour qu'elle le voit mais trop vite pour savoir qu'il se cachait. L'enfoncement de la porte, fit de lui une cachette parfaite. Il n'y avait plus qu'à attendre. Le bruit de ses pas le prévint de son arrivée, il put donc aisément créer un effet de surprise, comme il fit des millénaires avant dans de nombreuses batailles en Grèce. Point d'épée ou d'armes cette fois-ci, juste une phrase. Elle en sursauta et poussa un petit cri et alors qu'il la dévisageait sans aucune pudeur, il vit ses joues rougir. De honte ? Probablement, lui l'avait vécu une fois et depuis est vacciné contre la honte et la pitié, cela avait le mérite d'être clair. Elle sembla réfléchir à quoi lui dire, difficile de parler quand on vous prend en flagrant délit, un peu comme quand on est enfant et qu'on se fait prendre par l'épicier entrain de vendre des bonbons. Réaction typiquement humaine, ils étaient bien des idiots tous. Ou presque car elle, elle semblait différente. Déjà elle ne baissait pas les yeux, soutenait le regard intense d'Esteban comme si elle l'observait de face, découvrait son visage pour la première fois sous cet angle. Lui ne bougea pas, bras toujours croisés sur son torse, appuyé contre le mur de pierre, visage aux traits durcis mais pas de haine pour elle, juste l'impossibilité de détendre complètement son visage à cause de son tempérament colérique. Enfin, elle s'excusa, cela l'amusa puisqu'un rictus venait de naître au coin de ses lèvres charnues. La suite fut davantage amusante mais il ne rit pas ni agrandit son sourire, il l'écouta et s'en amusa, ses yeux le trahissaient toujours, un véritable miroir. Finalement, elle n'avait pas l'air folle, juste un peu originale, mais qui n'avait pas beaucoup d'imagination. Il secoua la tête mais ne la lâchait pas des yeux, une sorte de nouveau jeu de qui baisserait le premier le regard.

    « C'est tout ? Et lorsque vous me suiviez avant, c'est que vous aviez vu cette chute ? Une sorte de médium ? Dans ce cas là, vous êtes forte. »

    Il se dégagea enfin du mur pour se relever de toute sa hauteur. Cette posture majestueuse, digne des grands chefs de guerre et il fit quelques pas pou s'approcher d'elle. Finalement, elle pourrait s'avérer amusante avec des mensonges aussi typiquement humains. Il haussa des épaules en repensant qu'il ne s'était pas excusé. Il ne le faisait jamais, trop fier et arrogant de son propre être alors ce n'était face à elle qu'il allait le faire.

    « J'espère que vous ne seriez pas jetée de la falaise si je l'aurais fait, mademoiselle. Et je ne vais pas m'excuser, vous auriez pu vous pousser de mon chemin. C'est ce que les gens font, non ? Certains avancent sans regarder, les autres se poussent. Chacun son camp, comme à la guerre. »

    Toujours ses références à la guerre et encore, là il n'avait pas donné de dates de batailles comme il faisait avec son ami de toujours Hadès, enfin Hippolyte de son nom, ce qui avait le don d'agacer le dieu des enfers à chaque fois. Il la regarda une dernière fois et tourna les talons pour partir, faire un tour à la plage loin des gens, comme il faisait souvent. Mais tout en marchant, il fit une dernière réflexion.

    « A l'avenir, inventez des mensonges plus crédibles, au cas où un autre homme que vous suivez vous parle. »

    Il ne savait pas si elle en suivait d'autres, ce serait d'autant plus flatteur s'il était le seul. Et il entreprit de marcher, avec une question en tête : allait elle le stopper ou le laisser partir ? Depuis tout temps, le dicton fuis moi je te suis a fait ses preuves. Avec Arès aussi ?
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