Penthésilée; « Seduction is a game. I'm a good player.. » °terminée.

Les heures paraissaient interminables, les aiguilles immobiles. La grande pendule en bois clair qui ornait le hall de l'hôtel était-elle brisée ou le temps s'amusait-il tout simplement avec mes nerfs ? Dur à dire. Un simple coup d'oeil à la montre accrochée à mon poignet confirma mes craintes; trente minutes encore. Le travail ne m'avait jamais sembler aussi pénible que maintenant et sourire aux arrivants était devenu un exploit difficile à atteindre. Dehors, la température se déchainait. Des rafales de vent et de pluies soufflaient sur la ville et le ciel était recouvert d'une toile gris sombre. Rien de très amusant. Je ne pouvais m'empêcher de soupirer devant cette morosité. Tout était si déprimant quand il pleuvait averse ! Assise derrière le comptoir imposant, je fixai la porte d'entrée. Les habitants se réfugiait ici en attendant que la tempête calme ses ardeurs et je les enviait de pouvoir quitter l'hôtel lorsqu'ils le désiraient. Car, moi, j'étais coincée ici. Je me demandais qu'est-ce qui m'empêchait de retirer cette uniforme ridicule – beaucoup trop formel à mon goût – et de foncer vers la rue, être libre (même si la dite liberté signifiait être tremper de la tête aux pieds dans ce cas-ci) . L'image de factures empilées l'une par dessus les autres en une pile plutôt vertigineuse me vint en tête et cela me suffit comme réponse. L'idée de mon évasion tuée dans l'oeuf, je reportai mon attention ailleurs. Les portes vitrées étaient parsemées d'énormes goutes d'eau et le ciel était toujours aussi obscur. Aucun rayon de soleil à l'horizon. Un nouveau soupire s'échappa de mes lèvres. Cette journée s'étirait en longueur.

Alors que tout ombre d'optimiste m'avait quittée, une lueur d'espoir se dessina dans mes prunelles.Il était là, face à moi. Mes lèvres rosées s'étirèrent et mon sourire fit écho au sien. Le mauvais temps m'avait fait oublier que j'avais rendez-vous avec Thimothée. L'enthousiasme prit le dessus sur la déprime qui s'était jusque-là nichée dans mes tripes. Ces têtes-à-têtes n'avait rien de conventionelle. Tim et moi n'étions pas ensembles. Du moins, pas du côté sentimental. Notre union ressemblait davantage à une amitié améliorée, comprenant certains aspects plutôt plaisants.

« Alors »
« Alors... » répétai-je.

Sans que ma volonté y soit pour quelque chose, un sourire coquin occupa mes lèvres en moins de deux. Une simple habitude. J'adorais le lien que nous entretenions. Les avantages d'un couple, sans ses inconvénients. Pas de jalousie, pas de prise de tête. Lui et moi sans embrouilles. Une relation qui pouvait sembler compliquée voire même étrange, mais qui résultait d'une simple attirance physique réciproque. Le désir charnel qui réunit deux personnes. Mon tempéramment semblait lui plaire, mais sans doute pas assez pour une véritable relation. Sa présence m'était apaisante voire relaxante. Mais c'était loin d'être une simple question d'attirance. Notre relation ne serait jamais amour et nous en étions conscients tout les deux.

Étrangement, mon caractère bien trempé semblait être un atout côté séduction. Les hommes paraissaient appréciés mon côté farouche et j'en étais pleinement consciente. Je regardai pour la seconde fois ma montre; soixante secondes à peine me séparait de ma libération. J'avançai vers lui d'une démarche dansante tant j'étais heureuse de pouvoir enfin quitter l'hôtel. J'attrapai sa main tout en lui glissant discrètement à l'oreille;

« Heureuse de te voir enfin. Crois-tu être en mesure de me débarasser de cette horreur ? »

Le doigt levé, je pointai mon uniforme terne. J'eu droit à un sourire ravageur pour unique réponse. Le temps n'avait pas changer, toujours aussi écoeurant. Seulement, mon monde paraissait plus claire et la hâte d'arriver chez lui s'empara de mon corps, contrôlant mes actes. Je vis sa voiture au loin et gabandait presque jusqu'à elle. En cet instant, je me foutais bien des effets désastreux que la pluie avaient sur ma coiffure ou des ravages qu'elle avait causés à mon maquillage simpliste; j'allai enfin pouvoir me détendre, dans un bon lit douillet, aux côtés de Timothée, même si le tout serait probablement plus agité qu'une sieste..


J'ouvrai les yeux face à des chiffres lumineux. Le réveil indiquait 2h00 de mat'. Le décor qui m'entourait n'était pas celui de ma chambre même si il était rassurant et je mis une seconde à me rappeller où j'étais. La lueur blaffarde de la lune traversait les fins rideaux et éclairait la silhouette à mes côtés. J'étais toujours chez Timothée. J'avais dû m'endormir, j'étais tellement épuisée ! Je m'accôtai sur mes coudes afin de me donner une vue d'ensemble. Il semblait toujours paisiblement endormi, perdu dans les bras de Morphée. Autant faire pareil. Mes maigres heures de repos ne m'avait été en rien bénéfique puisqu'elles avaient été agitées par un cauchemar qui m'avait sembler durer une éternité. Je fermai les yeux, cherchant déspéremment le sommeil. Rien à faire. Mon esprit se bornait à rester alerte et bien éveillé. Pourquoi fallait-il que j'ai le sommeil aussi léger !

Couchée sur le dos, j'observai le plafond blanc immaculé sans grand intérêt. Les pensées tournoyaient à l'intérieur de mon crâne et je m'atardai sur chacune d'elle avec beaucoup d'attention. L'une d'elle me rappella mon rêve qu'on pouvait qualifier d'étrangement intéressant. Entourée d'immenses arbres aux denses feuillages jade, je me promenai dans la jungle avec une aise qui m'était bizarrement familière, comme si j'y passais mes journées toute entières. Ni les fougères, ni les rochers semblaient capable de me faire trébucher, même s'ils paraissaient y mettre beaucoup d'efforts. Je marchai à travers la végétation sans réellement savoir où je finirai. L'air était humide, mais restait frais. Un mince film de sueur collante avait recouvert ma peau. Je ne ressentais pas la chaleur cependant. Ce rêve était tellement intriguant! Je me rapellais chaque moment avec une précision déstabilisante. Chaques détails me paraissaient clairs et parfaitement définis. Jusqu'à ce que mon songe se transforme. La verdure avait disparue et elle avait emporter avec elle toute once de clarté. L'image était devenu flou, comme si la scène était couverte d'un épais filtre. Je me trouvais dans une ville. J'ignorai laquelle, mais elle était en piteux état. Je sentais mon corps brûler de douleur, mais je n'en ressentais pas les effets. Seule la sensation de soufrir était présente; j'étais à l'agonie. Il ne me fallut pas beaucoup de temps avait de succomber et d'apercevoir la dernière parcelle de lumière.

Je me réveillais à cet instant, le coeur battant la chamade sous l'émotion. Je secouai ma tête pour déloger cette chimère de mon crâne. Les scènes étaient incrustrés dans ma tête et je ne voulais pas amincir mes chances de les effacés en ranimant leur souvenir. Car oui, je désirais les oublié. Je détestais cette terrible sensation de déjà vu, en partie parce que j'ignorai totalement d'où elle pouvait provenir. L'ignorance m'agaçait et au moment où l'irritation atteignait son apogée, mes yeux se fermèrent et les pensées que je tentais de repousser disparurent comme si on les avait éteints à l'instar d'une lampe de chevet.

Le soleil brillait de milles feux ce jour-là. Ses flamboyants rayons réchauffaient ma peau et une douce brise soufflait. Je profitai du soulagement qu'elle m'apportait les yeux clos. Sentir le vent frais caresser doucement mes joues m'apaisait. J'écoutai son doux murmure tandis que l'astre atteignait tranquillement son zénith. J'avais juger que ce serait la journée idéale pour une promenade dans le parc. J'en avais assez d'être cloîtrés entre quatre murs et le temps était beaucoup trop beau pour que je m'enferme chez moi. Lorsque je rouvrais les yeux, mon regard se posa sur le paysage qui s'offrait à moi; j'étais toujours assise sur le même banc de bois, celui que j'occupai depuis une bonne demi-heure. Bien que mon siège soit loin de mériter qu'on le qualifie de confortable, je ne voulais pas le quitter. J'avais une vue panoramique sur tout le parc et par la même occasion, tout ses occupants. Plusieurs petites familles y pique-niquaient, leurs enfants courant partout; des touristes pédalaient sur leur bicyclette tout en s'émerveillant devant la couleur éclatante de la pelouse; de jeunes amoureux se tenaient par la main et se souriaient mutuellement; les oisea.. Mais attendez ! Je le connaissais ! Ce couple aux doigts entremêlés ! Une mine ahurie habita mon visage et j'écarquillais les yeux sous l'effet de la surprise. Vladimir tenait la main de cette Barbie grandeur nature et se penchait vers elle pour lui susurrer des mots doux. Et puis, quoi encore ?!

Et surtout, pourquoi me l'avait-il cacher ? Je devais admettre que j'avais tendance à être instable côté caractère, mais de là à dissimuler cette relation ? Craignait-il à ce point mon opinion ? Notre relation avait toujours été des plus complexes, continuellement changeante. Nous nous connaissions depuis toujours, comme nos mères avant nous. Nous avions été forcé de nous côtoyer toute notre vie, et bien que cela ne fut pas toujours le cas, j'étais heureuse qu'il fasse partie de ma vie. Il avait été mon ennemi juré au bac à sable, celui qui détruisait tout mes châteaux de sable, mon petit-copain à l'âge ingrat, pauvre victime de mes crises et maintenant, il occupait une place de choix dans mon coeur; il était à la fois mon ami et je le considérai plus ou moins comme un frère. J'aurai refuser de le voir souffrir et de le voir courir après toutes ces femmes était risqué. Je savais que je le surprotégeai et le fait que je sois plus jeune que lui m'était totalement insignifiant. Perdue dans mes rêveries, j'en avais oublié la source. Vladimir saluait la blonde qui s'éloignait tranquillement, de reculons, le visage toujours tourné vers lui, agitant la main. Je levais les yeux au ciel . C'était tellement cliché et tellement .. ridicule que je dus ravaler ma bile pour ne pas dégobiller. Je n'étais pas du genre romantique et voir des absurdités semblables me rendaient malade ! Comment pouvait-on être assez bête pour agir ainsi ? Et d'être aussi gaga, ce n'était pas non plus le genre de Vlad'.

Voyant qu'il s'éloignait dans la direction opposée, je me précipitai à sa rencontre. Il ne cessa même pas de marcher en m'apercevant et je dus marcher à reculons pour lui adresser la parole. Sans même me jeter un coup d'oeil, il fixait l'horizon, un sourire béat sur les lèvres.

« C'était quel numéro celle-là ? À moins que ce ne soit une nouvelle ? Touriste, je parie ! »
« Bonjour à toi aussi Olympià ! »

Il se borna à ignorer ma question. Je le connaissais suffisamment pour en déduire que j'avais eu dans le mille. Toute personne aurait eu besoin de se retourner à un moment pour regarder le chemin, mais agile comme j'étais, ça ne m'était pas utile.

« Alors, c'est la bonne ? Enfin, je veux dire pour toujours, pas jusqu'à ce quel quitte le pays. »
« Ah Olympià ! Toujours à fourrer le nez dans mes affaires, hain ? »
« Mais je suis là pour ça, mon cher ! »
« Tu sais très bien que ta question est stupide, alors n'attend pas de réponse. »

J'en restai bouche bée. J'avais seulement eu envie de faire la conversation et d'obtenir une réponse n'était qu'un vague avantage.. Du moins, c'est ce que je me forçai à croire. La jalousie n'avait pas sa place ici. Loin de là. Ça se rapprochait plus de l'attention que de l'envie. Je dois avouer que je n'aurai pas aussi facilement accepter sortir de sa vie. Par contre, l'amour n'y avait plus sa place et j'en étais consciente. J'apportai tout de même une attention particulière à ses fréquentations, comme l'aurait fait une soeur pour son frère. Je veillai sur lui. Les possibilités qui s'offraient à moi n'étaient pas infini et la seule chose que je pourrais lui offrir en cas de déprime, était mon écoute. Et s'il avait des problèmes, je serai tout ouïe et ce, à tout heure.