Démétrius - Thésée (100%)

Thésée

On dit de Thésée qu’il a toujours été celui qui *venait trop tôt*. En fait, lorsque son père, Égée, roi d’Athènes, décida qu’il voulait un héritier, malgré le fait qu’il soit stérile, un oracle lui annonça qu’il devait attendre, qu’il était trop tôt pour lui. Cependant, Égée était pressé, il eut recours à une sorcière afin de lui trouver une femme fertile qui lui ferait un fils. Le soir même ou Égée posséda cette femme, Éthra, celle-ci eu une aventure avec le Dieu des Océans, Poséidon, c’est en fait de cette deuxième union que naquit Thésée. Égée repartit dans son royaume, laissant Éthra élever son fils comme un homme ordinaire. Le roi d’Athènes prit par contre soin de cacher une épée, ainsi que des sandales en or, sous un énorme rocher, afin que lorsque Thésée soit assez fort, il y récupére les objets qui lui confirmeraient son rang.

Thésée naquit et grandit prématurément. Il développa très rapidement une ruse et une force puissante. Croyant que son fils était près, Éthra emmena son fils au rocher. Thésée souleva la pierre avec facilité, il n’avait que quinze ans. Toujours en avance sur son âge et toujours pressé dans tout ce qu’il entreprenait, Thésée décida de prendre la route pour Athènes afin de retrouver son père. À ce moment, il ne savait pas que son véritable père était en fait un puissant Dieu. Lorsqu’il arriva finalement à Athènes, il se présenta à Égée, tout en gardant son identité secrète, souhaitant prouver sa valeur à son père par la bravoure et non seulement par son lien de sang. Médée, la femme d’Égée, n’aimait pas le jeune garçon. Elle l’envoya donc afin qu’il capture le taureau de Marathon, une bête sauvage. À seulement seize ans, Thésée revint vainqueur, ayant, comme à son habitude, réussi sa quête avec une rapidité impressionnante. La reine Médée, ayant envoyé Thésée à cette quête, croyant qu’il ne reviendrait pas vivant, fut terriblement déçue. Durant un banquet, la reine décida donc de mettre du poison dans la boisson de Thésée, mais le roi, aperçut les sandales en or de Thésée et le reconnu aussitôt comme son fils. Il prit Thésée dans ses bras, renversant la boisson empoisonnée, sauvant par ce fait, son fils. À partir de ce moment, Égée partagea avec son fils les reines de son royaume.

Quelques années plus tard, le roi Minos le roi de Crête, ayant vaincu la ville d’Athènes durant une guerre, exigea que le roi Égée lui envoi sept jeunes hommes et sept jeunes femmes par année, afin de servir de repas au Minotaure, un monstre moitié homme, moitié taureau, mangeur de chaire. Thésée décida de réagir. Il accompagna donc, à vingt et un an, le chargement vers la Crête, afin de défier le monstre. Il se présenta au roi Minos, lui proposant de le débarrasser une fois pour toute du Minotaure. Croyant que Thésée n'était pas à la hauteur, Minos accepta. Ce qu’il ne savait pas, c’est qu’Ariane, la fille du roi de Crête, s’était éprise de Thésée. Elle donna une longue pelote d’un fil de soi à Thésée, afin de l’aider à se diriger dans le grand labyrinthe dans lequel le Minotaure vivait. Grâce à ce fil, Thésée se retrouva facilement dans le labyrinthe après avoir tué, toujours avec facilité, le monstre.

Après cet exploit, Thésée retourna chez lui, accompagné des quatorze jeunes gens qu’il avait sauvés d’une mort certaine, ainsi qu’Ariane et sa sœur Phèdre. En chemin, il laissa Ariane seule sur la route alors qu’elle faisait une sieste. Il embarqua dans le bateau le menant vers Athènes, oubliant par ce fait qu’il avait promis à son père de mettre une voile blanche au bateau s’il était vainqueur et une noire en cas contraire. Voyant au loin le bateau muni d’une voile noire, Égée se suicida. C’est avec tristesse que Thésée devint le nouveau roi d’Athènes. Il prit une amazone comme épouse, Antiope, avec qui il eut un fils, Hyppolite. Malheureusement, Antiope mourut et Thésée se remaria avec Phèdre, fille de Minos. Durant une longue absence, Phèdre tomba amoureuse d’Hyppolite, le fils de Thésée. Cette trahison mena à la perte des deux amoureux, et Thésée se retrouva seul. On dit qu’il a fini ses jours en paix, sur l’île de Skyros. Avant sa mort, Thésée eu l’occasion d’apprendre qu’il était en fait le fils de Poséidon. Il tenta de prendre contact avec son géniteur, mais étant de tempérament têtu et impatient, il rata à tous les coups, ses tentatives de rapprochement. Jamais il n’arriva à rencontrer le Dieu malgré ses essaies. Toujours et encore, celui qui était arrivé *trop tôt*, Thésée avait emmené avec lui la destruction de ceux qu’il avait aimé, sa mère, Égée, Ariane, Phèdre, Antiope et son fils Hyppolite. Peut-être n'était-ce que son destin.

Démétrius

« C’est très bien mon amour! Tu vas voir! C’est bientôt terminé! Continues comme ça ma belle, il arrive! »

Démétrius était tout en sueur, son cœur battait la chamade. Il n’avait jamais été dans une situation aussi stressante de toute sa vie. Sa femme, Rebecca, était en train d’accoucher de leur premier enfant, un fils. Démétrius avait gagné sur sa femme en voulant à tout prix connaître le sexe du bébé avant sa naissance. Fidèle à lui-même, il voulait toujours savoir à l’avance ce qui l’attendait. Cléon, son premier fils était en train de venir au monde. C’était le premier accouchement pour Becca autant que pour Démétrius. Ce dernier encourageait sa femme qui hurlait à pleins poumons de douleur. L’excitation était à son comble. Démétrius avait terriblement hâte de pouvoir prendre son fils dans ses bras, il ne pouvait plus attendre. Il avait été heureux de recevoir un appel téléphonique de Becca sur son portable, qui lui annonçait qu’elle venait de perdre ses eaux, deux semaines à l’avance!

Il se tenait debout, à côté du lit d’accouchement en tenant la main de son amoureuse. Celle-ci serrait fortement, si bien que l’agent immobilier n’avait plus de sensation dans sa main, mais ce n’était pas très important. Il épongeait le front de Becca avec une serviette humide, l’encourageant sans arrêt, si bien que ses paroles se perdaient dans les cris de son épouse. Ce manège dura pendant plus d’une heure. Finalement, bébé Cléon sortit la tête en pleurant. Une petite dernière poussée éjecta l’enfant du ventre de sa mère. Avec empressement, Démétrius délaissa sa femme pour voir son fils. La petite chose grouillante de vie agitait les bras dans tous les sens pendant que l’infirmière le nettoyait et l’emballait dans une jolie couverture bleue. Le médecin proposa à Démétrius de couper le cordon ombilical. C’est avec joie que le nouveau père s’exécuta. L’infirmière tendit le poupon au père.

Ce fut un moment magique. Aussitôt que Démétrius prit Cléon dans ses bras, le bébé cessa de pleurer. Ce qu’il ressentit à ce moment était indescriptible. Comme si la terre entière avait cessé de tourner. Son bonheur était incomparable. Démétrius venait d’être saisi d’une nouvelle sorte d’amour qu’il n’avait jamais connu avant. Il se tourna vers sa femme afin de lui montrer l’enfant, mais dès qu’il posa les yeux sur elle, il sut que quelque chose n’allait pas. Elle était terriblement pâle et semblait souffrir énormément. Le médecin avait aussi remarqué ce fait. Il examina Becca et annonça d’un ton inquiet :

« Elle fait une hémorragie, il faut l’emmener en salle d’opération. »

Tout ce passa alors très rapidement. L’infirmière repris le bébé afin de l’emmener à la pouponnière, puis le lit de Becca fut transporté plus loin. Démétrius dut attendre pendant une heure, seul dans la salle d’attente. Il se tordait les mains, complètement paniqué. Toutes sortes de pensées se bousculèrent dans sa tête. Que ferait-il si Becca mourrait? Comment pourrait-il survivre à cela? Il se retrouverait seul avec le bébé? C’était inconcevable, non, Becca était forte et elle s’en sortirait. Elle n’avait pas le droit de les quitter comme ça, sans même avoir pu poser les yeux sur son fils. Démétrius se leva et fit les cents pas. Il demandait des nouvelles à chaque fois qu’un médecin ou qu’une infirmière passait par là, sans jamais recevoir de réponses. En colère, il frappa son poing fortement sur une machine distributrice. Ses yeux étaient remplis d’eau. Sa main saignait, mais il s’en fichait royalement.

Le médecin finit par sortir de la salle d’opération, puis il lança un regard désolé vers Démétrius. Il lui expliqua que Becca avait fait une hémorragie interne, suite à l’accouchement, et qu’elle avait perdu beaucoup trop de sang, qu’elle n’avait pas survécut. La pièce se mit à tourner autour de lui. En l’espace de deux heures, Démétrius avait vécu le plus beau jour de sa vie, et le pire, en même temps. C’était complètement injuste. Qu’elle était la malédiction qui tournait autour de lui? Les Dieux lui avaient enlevés ses parents alors qu’il était adolescent et sa femme aujourd’hui. Il y avait eut tant de morts autour de lui. Il ne comprenait pas ce qu’il avait fait pour mériter cette souffrance et tous ces deuils. Il s’en voulait terriblement, se disant qu’il avait lui-même tué sa femme en la mettant enceinte. Il se blâma pour sa mort, comme il se blâmait pour celle de ses parents qui étaient décédés dans un accident de voiture alors qu’ils venaient de le déposer à l’aéroport, car il avait choisi d’aller étudier dans une autre ville. Il s’était toujours dit que cela ne serait jamais arrivé s’il avait décidé d’étudier en Grèce.

La seule chose qui aida Démétrius à passer au travers, fut Cléon. Il ne pouvait se permettre de perdre la tête ou de sombrer dans la dépression avec un bébé à sa charge. Il lui fallu un peu de temps et un coup de pouce de ses amis et voisins, mais il devint un excellent père. En plus de son fils, Démétrius consacra aussi beaucoup de temps à son travail, il avait bâtit sa propre boîte de vente immobilière et cela fonctionnait à merveille grâce à son charisme et à sa confiance en lui. En général, Démétrius avait toujours réussi tout ce qu’il entreprenait, malgré le fait qu’il ait perdu beaucoup d’êtres chers. Ce qui fit de lui, au bout du compte, un père un peu surprotecteur, car il ne pouvait concevoir de perdre Cléon. Malgré ses deuils difficiles, il garda toujours la tête haute, en parfait combattant, quoi qu’il puisse arriver.