God Only Knows
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 Too high ; can't come down [Cléanthe]

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Anthea P. Iordanou
    c o m b a t i v e
    a . d . m . i . n

Anthea P. Iordanou


Date d'inscription : 19/01/2009
Nombre de messages : 918

Age : 40
Prénom/Pseudo : Hélène.

Divinité jouée : Athéna.
Pouvoir/Humanité Développée : Influence les esprits.

Emploi : Archiviste à l'office de tourisme.
Humeur : Gueule de bois.


GOT A SECRET
Âge du perso: 3379 ans ... ouch ! En paraît 22.
Relations:
Croyance:
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MessageSujet: Too high ; can't come down [Cléanthe]   Too high ; can't come down [Cléanthe] EmptyLun 9 Fév - 17:03

Too high ; can't come down [Cléanthe] 21l94j5 Too high ; can't come down [Cléanthe] V7ct9s


    Son regard s’attarda sur les Anistonis. En eux même ils étaient un monument au sein de l’archipel touristique. Un élément incontournable pour tout touriste qui se respecte. Ils ne parlaient pas un traître mot d’anglais, de français ou d’une quelconque langue étrangère et pourtant les simples touristes se pressaient autour d’eux comme des abeilles autour d’une seule et même fleur odorante dont le parfum délicat leur tourne les sens. Lui, rugueux pêcheur dont le soleil a tanné la peau et sur laquelle le sel de la mer laisse des traces blanches au sein de chaque rigole de ses rides. Elle, solide marchande qui ne laissait jamais compter de baliverne et dont la voix puissante faisait sursauter les autres chalands bien qu’ils devraient y être habitués. Cela faisait 47 ans qu’ils étaient mariés. Un tout autre cœur que celui de la jeune et pâle jeune femme qui passait chaque midi devant leur étal aurait été attendri par cette vision de l’existence. Des enfants au présent bien construit. Des tonnes de petits-enfants à l’avenir prometteur. Et l’amour au passé tendre. Mais Anthea ne retenait que les cris n’ayant que des considérations professionnelles, l’indifférence latente qui existait entre ces deux êtres que la vie n’avait pas si malmené que ça, le manque flagrant d’étincelles qui s’étaient éteintes entre eux en même temps que s’était écoulé le long cours tranquille des années. Non, elle ne trouvait rien de charmant à la vision qu’elle avait sous les yeux et elle ne comprenait pas pourquoi ce couple fascinait tant. Le caractère typique des deux époux n’était rien d’autre que le dédain d’une frange de la population qui se croyait supérieure aux ilotiers. Savaient-ils seulement, ces estivants gonflés de leur amour propre, qu’ils étaient entourés de ce qu’on faisait de mieux en matière d’influence et d’importance ? Non. C’était justement ça le souci.

    Elle ne leur prêta plus la moindre attention et se passa une main dans les cheveux, histoire de se rafraîchir la nuque. La chaleur était insupportable lorsqu’Hélios était à son zénith. Elle avait réellement du mal à s’habituer à tous ces inconforts qui étaient le quotidien des mortels. Il fallait leur reconnaître ceci au moins. S’ils n’étaient pas fidèles et avaient la mémoire courte, ils étaient courageux et ne se plaignaient pas comme elle le faisait elle-même. Poursuivant son allure à pas cadencé, elle se tailla un chemin en évitant les grappes de touristes, nombreux, qui se dirigeaient vers les petites échoppes de souvenirs ou les snacks leur proposant des repas simples et nourrissants à l’ombre du cruel astre solaire. Elle évita de peu un garnement qui avait la main baladeuse, en particulier dans les poches des mêmes touristes mais plutôt que de lui invectiver d’arrêter, elle l’ignora royalement, sachant pertinemment le regard qu’il lui lançait. C’était comme ça. Qu’elle se trouve avec Cypris ou Belen ou bien qu’elle soit seule, elle n’attirait les regards que des petites filles et des voyous. Rien de bien folichons et dans un certain sens, ça lui plaisait ainsi. Elle n’avait pas la beauté éblouissante de la déesse de l’amour, ni sa douceur soit dit en passant. Elle n’avait pas non plus la fougue et l’éclat lumineux et accrocheur des yeux d’Artémis. Elle avait jusée sa peau d’ivoire, ses cheveux prenant une teinte foncièrement rousse sous les rayons du soleil et ses yeux brillants d’intelligence qu’elle confinait sous ses lunettes noires. Ce n’était pas l’attention qu’elle voulait attirer sur elle. Elle voulait juste le respect et la déférence. Ce n’était pas grand-chose. Et elle ne captait l’attention que des garnements et des gamines. Pathétique.

    « Tomate pêcheur sans maïs. Papillon de saule avec sa purée de semoule. Et une carafe d’eau, merci. »

    Parfois, elle venait prendre un repas ici. Elle aimait changer d’endroit la semaine. Ne pas toujours aller au même endroit. Varier pour ne pas s’ennuyer. Bien sûr, c’était la raison qu’elle avançait à ses collègues de travail, quant bien même ces dernières ne s’intéressait pas réellement à ses loisirs. Les seules choses qui pouvaient éveiller leur intérêt s’agissant d’Anthea c’était ses colocataires de sexe masculin. Pour le reste, on ne pouvait pas dire que la déesse était une divinité sociable. Elle l’était avant. Mais aujourd’hui, elle leur en voulait trop pour créer des liens aussi forts qu’auparavant. Aussi fort que celui qu’elle avait su créer avec l’aïeul du directeur de l’établissement dans lequel elle était installée à dessein.

      « Tu as fait une promesse. » La voix douce et compréhensive d’Artémis.
      « Je sais. »
      « Tu ne dois pas trop t’impliquer avec lui. Reste éloignée. »
      « Je sais. »
      « Conseille-le. Guide le dans cette guerre. Protège-le du mieux que tu peux en le plaçant sous ta protection. Mais ne te trahis pas. »
      « Je sais tout ça. Je ne le sais que trop bien. »


    Ulysse, roi d’Ithaque. Le seul mortel. Le seul homme qu’elle ait jamais aimé. Mais elle ne s’était pas trahie. Tout comme il était resté fidèle à sa tendre épouse qui l’attendait consciencieusement au pays. Même si elle n’avait pas juré de rester vierge, elle n’aurait jamais eu la force de porter atteinte à ce qui liait les deux époux. C’était tellement beau et fort que c’était le seul amour qu’elle ait jamais admiré. Il était hors de question de le voir se déchoir. Alors pourquoi l’histoire se répétait-elle ? Et pourquoi cette fois-ci elle ne savait pas ou faisait semblant de ne pas savoir ? Cela faisait deux ans qu’elle était arrivée à Fira. Bien qu’ayant née et ayant grandi à Santorin, elle ne connaissait que les collines et les petits villages de l’autre côté de l’île. Elle l’avait rencontré à la même époque de son arrivée dans la ville la plus importante. Et toutes les occasions étaient bonnes pour le voir. Elle n’avait pas besoin de lui parler. Elle n’avait plus besoin de le protéger – encore que la furie de Poséidon ne s’apaiserait jamais – mais elle restait dans les environs. Moins par devoir que par envie. Envie et désir qu’elle enfermait sous un semblant d’amitié, du moins d’entente cordiale.

    « Je vous avais pourtant bien précisé sans maïs, il me semble ?! »

    Sa voix était aussi glaciale que ses yeux verts et elle tendait déjà le plat vers la pauvre serveuse qui ne se doutait pas un seul instant qu’elle venait de provoquer l’ire d’une déesse antique et redoutable, sans doute la plus sanguinaire mise à part Héra lorsqu’on portait atteinte à ses positions. Déjà, elle sentait le rouge monter à ses joues, colorant le blanc nacré de sa peau en contradiction totale avec les peaux tannées des environs. Elle sentait son épine dorsale être la proie d’un mouvement électrique qui allait bientôt remonter jusqu’à son cerveau et causer une explosion gigantesque de rage et de furie. Pauvre corps de mortelle incapable de conserver les émotions d’une divinité. Le corps humain n’était pas taillé pour une telle puissance même si elle était considérablement réduite. Les effets physiques étaient amplifiés chez eux. Et le tremblement sui secouait tout son être déposait un indice à la serveuse sur ce qui lui serait réservé si elle ne s’excusait pas platement et ne revenait avec ce qu’elle avait commandé. Une nouvelle apparemment. La plupart des habitants permanents savaient qu’il ne valait mieux pas être trop longtemps aux alentours de l’archiviste. Or, elle restait en ne sachant que faire, la regardant avec hébétude.

    « Vous voulez peut être que je fasse votre travail correctement ou une paire de gifle est suffisante ? »

    Elle détestait ça. Une simple commande au restaurant n’aurait dû poser aucun problème auparavant. Avait-elle besoin d’user de son pouvoir pour ce genre de chose ? Et pourquoi ce dernier n’agissait-il pas de lui-même ? En parlant d’action, telle la mer qui se retire lentement des terres après un raz de marée comme seul son oncle savait en provoquait, elle sentit la colère lentement se retirer d’elle pour laisser la place à une autre émotion qu’elle n’identifia pas jusqu’à ce qu’elle entende la voix du propriétaire des lieux résonner derrière elle. Stupide corps de mortel.
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MessageSujet: Re: Too high ; can't come down [Cléanthe]   Too high ; can't come down [Cléanthe] EmptyMer 11 Fév - 23:41

    C’était une mauvaise idée. Une très mauvaise idée. Il l’avait su dès le début, pourtant il n’avait pas eu la réaction que ce genre de situation exigeait. Il avait cédé. Une seule et unique brèche dans sa carapace et il s’était vu assiégé, envahit, submergé. Et voilà qu’il était en train de tourner et de retourner la situation dans sa tête, les doigts pianotant furieusement sur le bois de cèdre de son bureau, pour trouver une manière à peu près polie de s’en sortir. Il avait cédé, et il le regrettait amèrement.

    Cléanthe ne savait pas depuis combien de temps il faisait face au boursicoteur, mais il savait par contre que c’était déjà bien trop. Quand l’homme s’était présenté à son bureau, le gérant l’avait laissé entré, un vieux réflexe de ses débuts. Habituellement, il aimait discuter personnellement des affaires de l’hôtel, étant le principal intéressé. Mais cette fois-ci, il aurait mieux fait de suivre un des premiers conseils de son père : à son poste, on devait savoir déléguer le travail si on ne voulait pas être rapidement submergé. Et discuter personnellement avec cet homme avait été une mauvaise idée, comme il se le répétait inlassablement depuis qu’il était entré dans la pièce et avait prit place impérieusement dans le fauteuil en face de son bureau.
    Cet homme était un requin qui pensait se trouver devant une proie facile. Il avait croisé ses jambes et s’était appuyé contre son dossier avec un sourire carnassier, comme s’il se trouvait en terrain conquis. Il parlait avec un aplomb acquis avec des années d’embobinage, certain de sa victoire. Oui, cet homme était un requin. Cléanthe pouvait presque entendre ses pensées comme s’il les formulait à haute voix. Pour lui, il n’était que le chanceux héritier de la fortune paternelle, un petit jeunot qui n’avait pas grand-chose dans le crâne et qui ne devait sa place qu’à sa naissance. Et si le discours qu’il lui tenait oralement ne l’avait pas autant agacé, il se serait fait un plaisir de détruire un à un ses préjugés. Mais il n’était pas dans un bon jour, et il n’aimait pas les histoires que lui servait son interlocuteur. Dommage.

    « … une entrée en bourse serait donc des plus lucratives pour votre … »
    « Pardon. » Une tentative, finalement, pour se sortir de là au plus vite avant que cela ne dégénère.
    « Je disais que si nous faisions de l’Astartes un complexe … » Un sourire mielleux, agaçant au plus haut point.
    « Oh, vous avez mal du me comprendre. Je ne vous demandais pas de répéter vos propositions, par ailleurs très éloignées de l’idée que je me fais de ce que dois être un hôtel accueillant sur Fira. Non, je vous demandais de m’excuser de la façon dont j’allais vous mettre dehors. »
    « Excusez-moi ? » L’ombre d’un balbutiement, les prémices d’un égarement qui lui serait fatal.
    « Voilà, en quelque sortes. Excusez-moi par avance. Mais il va vraiment falloir que vous partiez, maintenant. » Et toujours un sourire aimable, quoique forcé.

    Des signes d’hésitation, enfin ! Ce satané boursicoteur commençait à perdre de sa superbe. Coupé au beau milieu de son élan, il happait l’air sans savoir comment réagir, et Cléanthe assistait à ce spectacle avec beaucoup de satisfaction. Il avait toujours été quelqu’un de très poli et un de ses principes était qu’il fallait toujours rester correct avec ses interlocuteurs. Mais de tout en temps, une petite entorse à ses règles était du meilleur effet.
    Cléanthe se leva et alla ouvrir la porte de son bureau, indiquant clairement à l’homme que la discussion était terminée. Si on pouvait appeler discussion le monologue qu’il menait depuis un temps indéterminé, dans le but de le convaincre de faire de l’Astartes une chaîne d’hôtels de luxes à travers toute la Grèce. Une chaîne, rien que ça. Oh bien sûr, c’était une idée ambitieuse, qui pouvait rapporter énormément. Mais c’était également une injure pour la famille Odusseùs, et si cet homme n’avait pas pu s’en rendre compte plus tôt, tant pis pour lui. Cléanthe était sans doute jeune, mais il n’en était pas pour autant stupide et influençable. Il savait où étaient ses intérêts … Et où ils ne l’étaient pas.

    « Monsieur Odusseùs, vous ne vous rendez pas compte de ce que vous êtes en train de faire. Soyez raisonnable, vous … »
    Le mot de trop.
    « Ah, monsieur McAllister, j’ai bien peur de ne plus être assez raisonnable pour vous écoutez débiter vos sornettes une minute de plus. Si vous ne sortez pas de ce bureau immédiatement, c’est avec la sécurité que vous aurez affaire, et croyez-moi, ils sont bien moins raisonnables que moi. »

    Quelques secondes plus tard, la porte de son bureau claquait et il se retrouvait seul, enfin. Il se sentait vidé de toute son énergie, seulement empli d’une colère bouillonnante qui le rendait plus furieux encore. Furieux contre lui-même, contre ces réactions qu’il ne savait plus maîtriser. Ce n’était pourtant pas la première fois, et sûrement pas la dernière, que quelqu’un s’adressait à lui comme s’il était encore un étudiant irresponsable, mais il supportait de moins en moins ce genre de comportement.
    D’un mouvement brusque, il attrapa la veste de son costume et ressortit de son bureau. Plus question de travailler pour le moment, pas dans cet état. Il dévala les escaliers et passa d’un pas vif devant l’accueil, se dirigeant droit vers les cuisines. Au son que faisait son estomac, il ne devait pas être loin de midi, et s’il ne supportait pas d’être en colère, il supportait encore moins d’être en colère le ventre vide. Un crochet par les cuisines du restaurant aurait au moins l’avantage de calmer ses pulsions les plus primaires. Mais en traversant le restaurant, il eut la mauvaise surprise d’être stoppé dans son élan par des éclats de voix furieux.

    A quelques mètres de lui, une serveuse était pétrifiée devant une cliente qui ne se gênait pas pour dire ce qu’elle pensait du service, à ce qu’il pouvait en juger. Un regard derrière lui apprit à Cléanthe que le maître d’hôtel était prêt à intervenir, mais l’arrivée du gérant l’avait interrompu, et il le regardait à présent avec l’air d’attendre d’éventuels ordres. C’était donc encore à lui d’agir, s’il comprenait bien …
    Il poussa un soupir, plaça sur son visage le masque d’impassibilité qu’exigeait son poste, et il se dirigea vers la table qui causait tant de tapage. La moitié des clients s’étaient tournés vers elle et semblaient attendre la suite, fascinés par le culot de la cliente qui se permettait des remarques dans un des meilleurs restaurants de la ville. Ladite cliente qui tournait le dos au gérant, mais qu’il reconnut une demi-seconde avant de voir son visage.

    « Andrea, allez donc chercher le plat que mademoiselle a commandé, vous ne voyez pas que vous la faites attendre ? »

    La serveuse sursauta violemment en entendant sa voix, et son visage marqua un nouveau degré d’horreur. La pauvre fille semblait complètement dévastée par la remarque d’Anthea, et la venue de son patron l’avait anéantie. Cléanthe regretta soudainement son comportement brusque et lui sourit gentiment alors qu’elle inclinait la tête et se hâtait de retourner en cuisines.

    « Anthéa Iordanou en train de terroriser mes employées. Décidemment, je découvre chaque jour de nouvelles facettes de votre personnalité. »

    Sa colère semblait s’être envolée au profit d’un certain amusement, causé par le visage empourpré de son interlocutrice. Il ne connaissait pas la jeune fille de cette manière : à chacune de leur entrevue, elle était polie et serviable … Du moins avec lui.
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Anthea P. Iordanou
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Anthea P. Iordanou


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MessageSujet: Re: Too high ; can't come down [Cléanthe]   Too high ; can't come down [Cléanthe] EmptyVen 13 Fév - 19:16

    Une vague de chaleur se propagea entièrement dans son corps. Propulsé par la puissance des battements de son cœur qui s’étaient faits plus rapprochés et plus forts, une onde se déversa dans ses veines pour leur prodiguer une sorte de quintessence, une douceur apaisante et dans le même temps incroyablement douloureuse. Elle savait la raison de cet effet aussi soudain que pas totalement imprévu en raison du lieu où elle avait sciemment décidé de venir déjeuner. La voix profonde, grave et mesurée du propriétaire des lieux. Automatiquement et comme s’il lui suffisait d’être présent, comme s’il était son antidote à son caractère lunatique, la divinité se sentit apaisée, comme radoucie par le seul fait que le mortel soit dans la même pièce qu’elle. Il n’aurait pas même eu besoin de parler. Le fait de le savoir à quelques mètres d’elle était largement suffisant à l’altière déesse pour se sentir en parfaite harmonie, presque complète. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres et à partir de cet instant, le reste de la pièce disparut avec la serveuse en cuisine. Il est vrai qu’elle avait été un peu difficile avec elle, mais rien de bien probant. Elle avait juste été semblable à elle-même, comme elle l’était tous les jours en l’absence du séduisant directeur. Le reste de la clientèle, du moins celle qui n’avait pas été détourné des succulents plats proposés par la carte du restaurant le plus chic de l’île, finit par retourner à son occupation primaire. Encore que certains curieux, faisant preuve d’une indiscrétion monstre, jetait de temps à autres des regards sur la table qui avait été si animée quelques instants auparavant. Ils attendaient sans le moindre doute que soit la cliente aux attitudes cavalières se fasse réprimander par le propriétaire des lieux qu’ils avaient reconnu, soit que la serveuse fasse une crise de dépression soudaine et ne ressorte des cuisines le visage ravagé par les larmes, tremblante encore de l’affrontement qu’elle venait de subir et sans doute également des conséquences qu’impliquait la remarque de son employeur. Mais pour dire la vérité, tout ça n’intéressait pas Anthea.

    « Femme souvent varie. » murmura-t-elle à l’adresse du jeune homme lorsqu’il se rapprocha d’elle.

    Une sorte de joie non contenu vint éclairer ses prunelles éclatantes qu’elle posa sans la moindre retenue dans celles de son interlocuteur. L’ancienne déesse n’aurait jamais osé pareil attitude. Il fallait croire qu’avec les siècles écoulés, elle changeait. Contrairement à ce qu’elle avait toujours cru. Les dieux n’étaient pas immuables. Leurs attitudes n’étaient pas gravées dans le marbre. Qu’en était-il de leur serment ?

    « C’est juste que je déteste qu’on ne suive pas mes directives. » précisa-t-elle cependant pour donner une explication à son emportement d’il y a quelques instants.

    Il n’avait pas besoin d’être au courant que loin d’être autoritaire comme une telle remarque pouvait le laisser penser, c’était davantage par dépit et hargne contre elle-même qu’elle agissait. Comment pouvait-on supporter de tout perdre, de se voir lentement tomber en décadence et ne rien ressentir à ce sujet ? Elle en était tant physiquement que mentalement incapable. Elle était de ceux qui s’étaient opposé à déchoir. Et ce même si pour une fois elle avait dû se mettre du côté de son ennemi de toujours, Poséidon. Et encore si elle s’était pliée à la décision de son père, ce n’était pas sans lui manifester sa foncière mauvaise humeur et sa mauvaise volonté. Aujourd’hui encore et bien qu’ils ne se trouvent aux côtés des mortels depuis un millénaire, elle n’arrivait pas à s’y faire. Voir ses pouvoirs décliner, preuve flagrante de sa perte d’autorité, de son caractère divin et de son influence quotidienne, était le pire des aspects de sa nouvelle existence. Et également la crainte, non la terreur plutôt que cette vie soit la dernière. Qu’il y ait si peu de foi en eux, en elle dans le cœur des mortels qu’elle ne revienne plus jamais. Qu’elle disparaisse dans le néant d’où elle était originaire.

    « Mais j’en ai encore bien d’autres facettes qui restent à découvrir, poursuivit-elle. Il ne tient qu’à vous de le faire. »

    Oui, elle avait bien changé depuis la dernière fois. Et elle pourrait également le dire de lui mais elle faisait la différence avec son aïeul. Comment ne pas faire autrement ? Ils étaient si différents l’un de l’autre et la seule chose qui restait la même était les sentiments de la déesse. Bien sûr, ils avaient des traits communs qu’elle retrouvait agréablement comme l’intelligence du regard, la tendance à la ruse pour se sortir des situations les plus malaisées et une manière d’être, une politesse de chaque instant qui s’effectuait avec une grâce latente. Mais ils avaient leurs différences, au-delà de leurs physiques. Ulysse avait les traits plus marqués, comme s’il avait été taillé au silex dans une roche dure, de ces roches qu’on retrouve au contact direct de la mer. Il était aussi plus violent et plus enclin à l’emportement. C’était sans doute l’époque qui voulait ça. La vie n’était pas aisée. Le confort moderne était loin, très loin d’être atteint et en conséquence, les caractères se faisaient plus tranchés. Cléanthe quant à lui avait des traits plus doux et réguliers dont Anthea ne cessait jamais de se délecter, avec retenue cependant. Il était plus sensible aux autres et agissait toujours en réaction préventive. Ils se ressemblaient oui. Mais ils étaient clairement différent l’un de l’autre. Ce n’était pas comme s’il s’était réincarné. C’était une autre personne. Une âme différente mais dont la lueur et l’éclat séduisait avec la même ampleur la déesse vierge.

    « Vous ne m’en voulez pas pour mes mots durs à l’encontre de votre employée ? »

    C’était la dernière chose qu’elle souhaitait. Elle en savait la raison et contrairement à ses sentiments pour un certain autre représentant de la gent masculine depuis 3000 ans déjà, elle ne les fuyait ou ne les déniait pas. Elle s’interrogeait seulement sur l’opportunité de les exprimer ou non. Si les individus avaient changés, si certains protagonistes de l’histoire avaient évolué, la situation semblait se répéter inlassablement. Anthea trahirait-elle son serment et le ferait-elle en violant celui d’un autre ?
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